Tout à débuter en 2017. La vue de gommes à effacer éparpillées sur ma table à dessina été le déclic pour cette série portant sur un de mes outils de travail, l’efface. Au début de ce projet, mon attention portait sur l’objet : des effaces. Or puisqu’elles sont les miennes, elles étaient forcément chargées d’émotions. Je pouvais associer chacune d’entre elles à un dessin que j’avais réalisé. Les traces de fusain, sanguine ou pastels qu’elles portent en témoignent.
Ces effaces, salies et usées, rendent également compte du geste de l’artiste, l’acte de dessiner : depuis toujours l’artiste a utilisé mie de pain, amadou ou caoutchouc comme outil pour la disparition, partielle ou totale, d’un trait, d’une marque ou d’une tache. De plus l’efface, en supprimant ou réduisant quelque chose du dessin, permet le repentir. À l’occasion, ce repentir permet à son tour à l’œuvre d’évoluer vers une direction insoupçonnée.
En cours de projet, pendant que je photographiais ces petits objets de mon quotidien, ma réflexion s’est agrandie; ma notion d’effacement s’est déplacée vers une définition métaphorique et plus abstraite.
L’effacement renvoie à l’idée de disparition ou d'effacement de préjugés sociaux. L’effacement peut également faire référence à la notion d’oubli, comme dans l’effacement d'un souvenir chez une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer. L’effacement inclut une notion de réduction de l'espace occupé, de mise en retrait, voire de diminution, comme dans l’effacement de la personnalité.
Ma façon de réfléchir sur cette idée d’effacement métaphorique et plus abstraite s’est concrétisée par des interventions directes sur les impressions photographiques au moyen de graphite.
Tout personnel que soit le point de départ du projet Les effaces, je suis convaincue que mes oeuvres susciteront l’intérêt du spectateur et de la spectatrice. Car qui n’utilise pas la gomme à effacer? Ou "l’outil efface » de son logiciel de dessin?
It all started in 2017. The sight of erasers scattered on my drawing board was the trigger for this series on one of my work tools, the eraser. When I started this project, my attention was focused on the object: erasers. But since they are mine, they were bound to be emotional. I could relate each of them to a drawing I had made. The marks of charcoal, sanguine or pastels they bear testify to this.
These erasers, soiled and worn, also reflect the artist's gesture, the act of drawing: the artist has always used crumbs, tinder (amadou) or rubber as a tool for the partial or total disappearance of a line, mark or spot. In addition, erasing, removing or reducing something from the drawing, allows « repentirs » on occasion, this « repentir » in turn allows the work to evolve in an unsuspected direction.
During the project, while I photographed these small everyday objects, my thinking grew larger; my notion of erasure has shifted to a metaphorical and more abstract definition. Erasure refers to the idea of the disappearance or erasure of social prejudices. Erasure can also refer to the notion of forgetting, such as erasing a memory in someone with Alzheimer's disease. The erasure includes a notion of reducing the space occupied, withdrawing, even diminishing, as in the erasure of the personality.
My way of thinking about this idea of metaphorical and more abstract erasure materialized through direct interventions on photographic prints using graphite. Personal as the starting point of the Les effaces project may be, I am convinced that my works will arouse the interest of the spectator. Because who doesn't use an eraser? Or the "erase tool" from its drawing software?
