« Esprit génial et rebelle », « icône de l'art et de la culture mondiale du XXe siècle » sont les descriptions du peintre Picasso. En 2019, près de 86 expositions sur Picasso ont été recensées en Europe. Il est sûrement l’un des artistes les plus connus au monde et une figure du génie par excellence. Cependant, plusieurs témoignages des femmes de sa vie et de son art révèlent la face sombre du peintre cubist, selon lequel « pour peindre une colombe, il faut lui tordre le cou ».

Sophie Chauveau, auteure de Picasso, le Minotaure, souligne dans le podcast « Picasso, séparer l’homme de l’artiste » de Vénus s'épilait-elle la chatte ? que Picasso, après ses ruptures, peignait les portraits de ses femmes pour les détruire à travers le cubisme. Lui-même décrivait les femmes comme « des machines à souffrir ».

Cette situation complexe, qui a poussé le monde contemporain à questionner l’image de l’artiste lui-même et son rapport aux femmes, se trouve à l’origine de ce triptyque photographique, simulant la fermeture définitive du célèbre Musée Picasso de Paris à travers le détournement de leurs affiches officielles. Le choix des œuvres représentées n’est pas anodin : La femme qui pleure, dépeignant Dora Maar, rencontrée par l’artiste à l’âge de 54 ans alors qu’elle en avait 28, Femme au béret et à la robe quadrillée immortalisant Marie-Thérèse Walter, compagne et muse du peintre âgée de 17 ans lorsque lui en avait 40 et enfin Nue couchée.

Entre l’homme et l’artiste, où placer le curseur de la reconnaissance et du jugement moral ?
Comment interpréter la dualité entre dimension personnelle et dimension créative inhérente à l’acte artistique ? Dans quelle mesure la réalité historique et la valeur artistique s’entrelacent-elles ?
L’œuvre nous pousse à remettre en question la réalité de l’identité artistique l’insérant dans les contradictions du débat contemporain.