24h de la vie d'une femme ordinaire - Le Repas , 1974
39 x 39 cm (h x w)
Photographie

Au premier abord, cette photographie semble montrer une scène banale de la vie quotidienne dans les années 1970. Une femme, debout et de profil, sert un homme à table. Elle est habillée en robe, porte un tablier et des chaussures à talons. Elle se penche pour servir de la soupe à celui que l’on imagine être son mari. Quand on regarde plus attentivement l’image, l’on se rend compte que la femme est en réalité un homme travesti. La présence de la pomme d’Adam sous le menton de profil ne trompe pas. La chevelure brillante s’avère être une perruque, et la musculature du bras aurait été inhabituelle sur un modèle que l’on imagine femme au foyer.

En 1974, l’artiste plasticien Michel Journiac décide de se travestir et de se mettre en scène à la manière d'un roman photo pour réaliser une « action photographique » intitulée 24h de la vie d'une femme ordinaire. L’idée lui est venue après la lecture d’un magazine féminin dans lequel un sondage conduit à la description de la vie d’une femme dite ordinaire. Le titre reprend également celui de la célèbre nouvelle de Stefan Zweig Vingt-quatre heures de la vie d’une femme.

Michel Journiac surjoue les stéréotypes de la femme tirée à quatre épingles, dévouée à son mari, penchée au-dessus de la table presque comme une domestique. Il explique utiliser le travesti « comme moyen de distanciation par rapport aux archétypes de la vie commune d'une femme ». Il réalise douze photographies, couvrant la journée du réveil au coucher, en passant par le départ au travail, le pointage, les courses, le retour du mari, la préparation de la nourriture, le repas, ou encore la télévision. Journiac souhaite interroger la quotidienneté où se trouve enfermé notre corps. En parodiant les clichés véhiculés par la presse féminine, il dénonce un système qui installe les femmes dans cet asservissement social. Six ans après mai 68 et quatre ans après la création du MLF (mouvement de libération des femmes), mais un an avant la Loi Veil de dépénalisation de l’avortement, l’artiste s’inscrit dans son époque marquée par les luttes féministes. Ces combats sont ceux des femmes mais ils sont aussi soutenus par des hommes, comme le montre cette action artistique.

Représentant majeur de l’art corporel, Michel Journiac a débuté par la peinture expressionniste avant de travailler exclusivement avec le corps : le sien, celui des autres, le corps social. Homosexuel et ancien séminariste catholique, il conjugue son vécu, ses engagements (également contre la peine de mort, avant 1981…) et diverses inspirations, dont l’art d’Yves Klein ou celui d’Andy Warhol. Il crée, souvent avec dérision, des images qui jouent sur notre inconscient collectif et dénoncent le piège des représentations.

Exhibited by:

Artify

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