Autoportrait au chapeau de paille , 1782
97.8 x 70.5 cm (h x w)
huile sur toile

Élisabeth Vigée Le Brun se représente debout, de face, dans un autoportrait plein d’assurance et de fraîcheur. Vêtue d’une robe légère en mousseline, rehaussée d’un châle noir, elle est coiffée d’un chapeau de paille orné de fleurs printanières et d’une plume d’autruche. Cette tenue élégante et champêtre, à la mode des années 1780, évoque les vêtements que Marie-Antoinette et ses proches portent à la même époque au Hameau de la reine, à Versailles. Les cheveux, bouclés, tombent avec naturel et ne sont pas poudrés. Dans sa main gauche, l’artiste tient son matériel : une palette chargée de couleurs et des pinceaux, dont certains sont utilisés.

Le choix du chapeau de paille, de la posture et du cadre – un grand ciel bleu, où passent des nuages – n’est pas anodin. Il s’agit de la reprise d’un tableau de Pierre-Paul Rubens, peint vers 1625. Vigée Le Brun découvre la toile appelée Le chapeau de paille en 1782, à l’occasion d’un voyage à Anvers. Ce portrait de femme, probablement la belle-sœur du maître anversois, la fascine. Dans ses mémoires, elle écrit « Ce tableau me ravit et m’inspira au point que je fis mon portrait a? Bruxelles en cherchant le même effet. » Elle observe attentivement le coloris frais et subtil, la lumière nacrée, les ombres bleutées et l’élégance du chapeau – en feutre et non en paille comme on le croyait alors. Vigée Le Brun considère Rubens comme un de ses maîtres. Elle ne cessera de travailler les carnations dans sa lignée. Le succès de cet autoportrait l’incite à le décliner. Elle reprend la coiffe champêtre pour la reine et plusieurs modèles aristocratiques, dont madame de Polignac - favorite de Marie-Antoinette et gouvernante des enfants de France.

Fille d’un peintre pastelliste, Élisabeth Vigée Le Brun se consacre très jeune au portrait. Son talent est vite reconnu. Elle rencontre la jeune Marie-Antoinette, née la même année qu’elle : l’entente est parfaite. Elle devient sa portraitiste officielle en 1778, à seulement vingt-trois ans. Dans cet autoportrait de 1782, elle se représente à la fois en peintre accomplie et femme de la haute société. Elle laisse éclater sa réussite sociale et professionnelle, en même temps qu’une tranquille confiance en ses capacités. Talentueuse et ambitieuse, Vigée Le Brun trouve sa clientèle au sein de la plus haute noblesse. Elle est célébrée comme l’une des plus grandes portraitistes européennes de son temps. Le fait est rare dans un monde artistique alors majoritairement masculin. L’année suivante, elle devient membre de l’Académie Royale de peinture et sculpture. C’est là encore exceptionnel car les femmes sont soumises à des quotas drastiques. En 1793, au moment où éclate la Révolution, l’Académie n’a accueilli depuis sa création (en 1648) que quinze femmes, pour plus de cinq cent hommes. Mais Élisabeth Vigée Le Brun, outre son indéniable talent, bénéficie d’un appui hors-norme : celui de la reine.

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